17 nov. 2010

Marion Thienpot, responsable des formations Santé au Travail, Comundi

puce Comment sont construits les programmes de formations Comundi?

Nous réalisons en amont un travail d’enquête auprès des professionnels de la santé au travail. Médecins du travail, infirmières du travail, assistants sociaux du travail, préventeurs, RH… : nous les appelons et les rencontrons pour connaître leurs problématiques terrain.
Afin d’anticiper les sujets de demain, nous menons également une veille quotidienne de l’actualité en santé au travail et échangeons très régulièrement avec nos formateurs experts.
Grâce à cette méthodologie, nous créons chaque année des programmes de formations au plus proche de vos besoins !

puce Quels sont les profils des participants des formations Santé au Travail Comundi ?
Les premiers participants de nos formations Santé au Travail ont été les Médecins et Infirmiers du Travail, les acteurs « historiques » des services de médecine du travail. Nos formations portaient principalement sur l’évaluation et de prévention des risques physiques.
Les préventeurs, responsables HSE, Sécurité… se sont également intéressés à ces stages, notamment de part l’obligation d’élaborer le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels.

Avec l’apparition de nouveaux enjeux tels que la pluridisciplinarité et l’émergence des risques psychosociaux, d’autres acteurs se sont mobilisés : responsables RH, assistants sociaux du travail, psychologues du travail, ergonomes, membres de CHSCT…

Aujourd’hui, les dirigeants et managers s’impliquent également dans la santé au travail : nouvelles responsabilités et obligations, prise de conscience de l’importance de la santé des salariés pour la performance de l’entreprise, image interne et externe de l’entreprise… Le contexte actuel les pousse à s’emparer de ces sujets et à faire évoluer les organisations de travail.

Concernant la provenance de nos participants : petites, moyennes et grandes entreprises, secteurs privé, public, associatif, médico-social, de France métropolitaine, des Dom-Tom, de Belgique… et même prochainement du Congo, nos stagiaires viennent de milieux très variés, ce qui contribue à la richesse des échanges lors des formations !

puce Pouvez-vous nous parler du congrès annuel « La Semaine de la Santé au Travail » ?

Depuis 2004, chaque année Comundi organise « La Semaine de la Santé au Travail » : un congrès qui rassemble sur une semaine nos formations Santé au Travail et des séminaires d’actualité.

Ces séminaires sont l’occasion d’aborder les sujets d’actualité et les problématiques à venir, ceci à travers des retours d’expérience d’opérationnels et le regard d’experts. Voici quelques thématiques que nous avons traitées depuis 2004 : risque alcool, nutrition au travail, stress, maintien dans l’emploi…Cette année nos séminaires seront consacrés à l’usure professionnelle et à la prévention primaire des risques psychosociaux : des sujets à traiter aujourd’hui pour anticiper les problèmes de demain !

Suicide et activité professionnelle en France : premières exploitations de données disponibles

Introduction

Les liens entre les contraintes de travail et la santé ont été établis ces deux dernières décennies par les scientifiques au niveau international [Karasek, 1990 ; Siegrist, 2008 ; Netterstrom, 2008].
En France, plusieurs indicateurs de climat délétère dans les entreprises ou les secteurs d’activité ont été produits ces dernières années : il s’agit d’indicateurs permettant de quantifier principalement les déséquilibres effort/récompense, la tension au travail ("job strain") [Niedhammer, 2008a] et l’exposition aux violences physiques ou psychologiques [Niedhammer, 2006]. Leurs liens avec la santé cardiovasculaire [Kasl, 1996] et la santé mentale des travailleurs sont établis [Paterniti, 2002 ; Niedhammer, 2008b ; Cohidon, 2009] ; certaines conséquences sur les troubles musculo-squelettiques ont également été décrites [Deeney, 2009]. La survenue de suicides en lien avec le travail constitue quant
à elle un indicateur d’alerte majeure. Sa quantification, bien que ne pouvant être considérée comme suffisante à la connaissance de la dégradation des conditions de travail devrait être intégrée au corpus de connaissances sur les risques professionnels.
Très peu de données épidémiologiques permettent actuellement de documenter le lien entre les actes suicidaires et le travail.
Aucun des différents systèmes statistiques existants, que ce soient les données sur les accidents du travail des régimes d’assurance sociale, l’enregistrement des certificats de décès par le service CépiDc (Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ou la compilation des enquêtes de l’Inspection du travail, ne permet même de chiffrer avec un minimum de précision le nombre de suicides survenant sur le lieu de travail. Comme pour toute pathologie d’origine multifactorielle, l’estimation du nombre de décès par suicide directement lié à l’activité professionnelle est complexe et doit faire appel à des systèmes de surveillance spécifiques.
Le Département santé travail de l’Institut de veille sanitaire ne dispose pas à l’heure actuelle de données permettant d’établir un lien direct entre le suicide et le travail. Plusieurs programmes de surveillance permettent néanmoins de fournir des éléments de connaissance, en particulier le programme Samotrace [Cohidon, 2006] qui décrit les liens entre activité professionnelle et santé mentale. Ce dernier explore notamment le risque suicidaire en milieu de travail, à travers un diagnostic effectué à l’aide du questionnaire Mini [Lecrubier, 1997] passé par des médecins du travail sur un échantillon de salariés. Par ailleurs, une analyse systématique des causes de décès selon l’emploi (catégorie professionnelle et secteur d’activité) auquel les salariés ont été affectés a été mise en place ces dernières années : le projet Cosmop [Geoffroy-Perez, 2006]. Grâce à la constitution de bases de données spécifiques pour ce programme, il a été possible de réaliser une analyse descriptive de l’évolution des suicides entre 1976 et 2002, chez les hommes actifs, selon les principaux types d’activité professionnelle. Cette première approche, qui permet d’avoir un reflet macroscopique de la situation suicidaire en milieu de travail, ne permet en aucun cas d’en analyser les causes.
Elle ne permet pas non plus de repérer des situations particulièrement aigües dans certains secteurs. Poursuivie régulièrement, ce type d’étude contribue néanmoins au socle de connaissances sur les causes de décès parmi les actifs en France.
La présente analyse consiste donc à décrire la mortalité par suicide et son évolution au cours du temps dans la population des hommes salariés selon les secteurs d’activité auxquels ils appartiennent. Une comparaison à l’évolution temporelle de la mortalité par suicide dans l’ensemble de la population en âge d’activité a également été réalisée.


* Cohidon C, Geoffroy-Perez B, Fouquet A, Le Naour C, Goldberg M, Imbernon E. Suicide et activité professionnelle en France :

premières exploitations de données disponibles. Saint-Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire, avril 2010. 8 p. Disponible sur :
www.invs.sante.fr